dimanche 9 octobre 2011

Seul, on avance moins vite.


Encouragement (nom masculin) :
  • Action d'encourager.
Encourager (verbe transitif) :
  • Donner du courage à quelqu'un, le réconforter ou l'inciter à persévérer, à faire mieux ; stimuler.
  • Inspirer à quelqu'un du courage pour agir de telle ou telle manière, l'inciter, le pousser à faire quelque chose.
  • Favoriser une action, une activité, en stimuler le développement.
(Dictionnaire Larousse, 2011)

Avez-vous remarqué à quel point  un bon soutien psychologique venu du bord de la route peut redonner des ailes au sportif fatigué ? Il a été prouvé scientifiquement qu’un encouragement envoyé au moment adéquat et idéalement reçu suivant un angle optimal de 33,7° pouvait dans certains cas augmenter le courage du receveur de 17,8 MegaKoura, avec parfois 82% d’efficacité en plus et 63% de tenue supplémentaire par rapport à un encouragement ordinaire. Résultat vérifié par huissier.

je ne parle pas des inutiles “vas-y, tu es 427ème”, “cours plus vite fainéant”  ou “tu vas l’avoir, il est à 3 minutes” lancé par un Zozo, un Gugusse qui passait par là, qui a vu une course à pied, de la lumière et qui est entré pour voir si, par hasard, il n’y aurait pas un buffet. Dans la série des encouragements inutiles, j’aime particulièrement le classique "courage, plus que cinq minutes et tu es arrivé" : quand on vous annonce ça, vous pouvez être sûr que votre fidèle GPS vous calcule encore six bons kilomètres à parcourir et que d'après le gentil Gugusse ci-dessus mentionné, vous allez tranquillement faire le reste du parcours à 72 km/h, tel le guépard moyen. Une parenthèse dans la parenthèse pour préciser que bien que le guépard soit l'animal terrestre le plus rapide au monde, il doit quand même être au taquet et fortement chargé d'amphétamines pour tenir six kilomètres à cette vitesse.  Double fin de parenthèse.

Mais je m’égare. C’est à cause du guépard. J’aime bien les guépards. Ils sont tellement beaux quand ils courent. Désolé. Pouf, pouf.

Je parle ici des véritables encouragements, francs, honnêtes, désintéressés, ceux qui vous redonnent un courage inébranlable qui dure deux fois plus longtemps qu’un simple  courage de marque X dans une boite blanche toute moche. Évidemment, l’efficacité maximale est souvent obtenue quand l’aide psychologique a pour origine des gens qui vous sont très proches : conjoints, enfants, amis, parents. Vos gens à vous, quoi...

Sur un marathon, je pense qu’il doit être possible d’atomiser son record personnel en positionnant, de façon optimale et intelligente, un ami ou quelqu'un de sa famille tous les 4 kilomètres. Il suffit de trouver une dizaine de volontaires motivés, mais bon, j'admets qu’au niveau de la logistique ce n’est pas forcément facile à mettre en oeuvre. De plus, il faut choisir un marathon un peu intimiste, un petit marathon de campagne, pas un rassemblement titanesque comme Paris ou New-York et il faut soit une grande famille, soit beaucoup d'amis, soit les deux. Pas si simple...

Pour l’anecdote, vous avez déjà essayé de vous retrouver sur une de ces vidéos fournies par l’organisation et prises en fonction de vos temps de passage ? Le concept est absolument génial, du moins sur le papier : 

  • Nous avons d’un côté : M. John D, dossard 12657, temps de passage à cet endroit, un temps tout à fait officiel enregistré par une Puce Electronique vérifiée par l’Organisation (notez le O majuscule) et qui donc ne peut pas se tromper, de 1h17’53”.
  • De l’autre : cette vidéo qui a été prise au même endroit entre 1h16’50” et 1h19’00”.
  • Ce qui nous donne, si on additionne les deux, le résultat logique et imparable suivant : si vous regardez très attentivement, vous allez vous voir passer. Vous imaginez un peu ? Quel bonheur !
Dans la réalité, ça donnerait plutôt ça : vous vous retrouvez les yeux écarquillés et rougis à force de scruter l’écran, après 39 passages en boucle de la dite vidéo, rivé sur toutes les casquettes noires, tous les T-shirts blancs et rouges, tous les shorts noirs, tous les cheveux blancs, bref, tout ce qui pourrait ressembler à un John qui court, et après une heure de ce régime que voyez vous enfin passer devant vos yeux éblouis ?
Des éléphants roses.
Tout un troupeau.

Dans ces conditions, vous voyez d'ici vos chances d'apercevoir un de vos amis et d'entendre ses encouragements ? J’ai la réponse, elle a été fournie par la puce qui ne peut pas se tromper mentionnée  ci-dessus : une chance sur 1447567.

Tout ce délire verbal pour en arriver finalement au TOP5 des encouragements qui me donnent le plus la patate. Par ordre d’efficacité croissante, j’annonce :

- Le  "super, Papa, rattrape- le !" de mon plus jeune fils : je me demande toujours lequel des 300 coureurs qui me précèdent je dois rattraper. 
- Le fabuleux "je t'aime Papa" de mon grand Tanguy de fils : celui-là il me coupe tous mes moyens tellement il me fait rire ; il fait d'ailleurs aussi beaucoup rire les autres spectateurs, ainsi que les autres coureurs.
- Le très efficace mais légèrement agaçant "bravo Papa, tire sur les bras, gratte le sol avec tes orteils, pousse vers l'arrière, utilise la gravité, rebondis" de ma fille qui, elle, est une vraie championne et pas une Nulenspore comme son père.
- L'extraordinaire "Cours, Forrest ! Cours !" de mon meilleur ami, qui, lancé judicieusement à un quart d'heure de l'arrivée me fait gagner entre 20 et 30 secondes au kilomètre sur tout le trajet restant. 
- Le merveilleux "tu es mon héros !" de ma femme, qui soit dit en passant arrive toujours à me voir au moins 5 ou 6 fois sur le même Marathon, ce qui représente quand même une très belle performance. Au marathon de la côte d'amour, en 2009, elle a même loué un vélo. 

Et pourquoi d’un seul coup comme ça, sans prévenir, ce long texte sur les encouragements ? L’idée m’est venue à la lecture des commentaires et messages que vous avez laissés un peu partout à mon attention. Ils sont, pour moi, comme des amis au bord de la route. Quand je doute, que je relis ce que j’ai écrit et que je trouve ça fade, nombriliste, sans intérêt, ils me donnent l’envie de continuer et parfois, comme c’est  le cas aujourd’hui, ils me fournissent le sujet de l’article suivant.

Je ne le dirai jamais assez : encore merci à tous pour vos encouragements.

Ami lecteur, si dans une course tu aperçois un sympathique coureur bien fatigué, trouve une phrase drôle et accrocheuse et encourage-le ; si sur Internet tu découvres un article ou un message que tu prends plaisir à lire, laisse un petit commentaire malin, car :

Seul, on avance moins vite,
et plus on avance moins vite,
moins on avance plus vite.
John D, 2011