mercredi 30 mars 2011

Ou John comprend qu’en matière d’entrainement, il a beaucoup à apprendre.

Au dernier épisode, nous avions laissé John extrêmement perplexe face à un plan d’entrainement, et le suspense était à son comble : allait-il se décider à changer ses habitudes ou continuer à s'entrainer comme un Bourrin ?


Ce qui me paraissait le plus difficile à avaler, c’était l’extrême lenteur de certaines séances. D’après mes savants calculs, je devais faire la plupart des sorties à 10 km/h MAXIMUM. J’ai d’abord cherché partout une erreur de calcul, une mauvaise interprétation de ma part, une faute de frappe. Non, pas de doute possible : 10 km/h, éventuellement plus ou moins 0,5 km/h.


La question que je me posais était simple  : en quoi le fait de courir à 2 km/h de moins que ma vitesse sur Marathon et 4km/h de moins que ma vitesse sur 10 kilomètres va-t-il me faire progresser ? Je ne prépare pas un 100 kilomètres… Ou alors, hypothèse la plus probable, ça fait des années que je fais n’importe quoi, je n’ai rien compris à la course à pied et il est temps que je change mes habitudes avant d’être vieux, ou blessé, ou vieux et blessé.


Dans ces conditions rien ne vaut l’expérimentation, et me voilà parti pour une sortie longue de 1h30 à une allure de tortue. Je m'attendais à une petite promenade de santé et j'ai été surpris de constater la chose suivante : 1h30 à allure semi c’est épuisant et 1h30 à 10 km/h ce n'est pas si facile, c’est quand assez fatiguant. Pour la suite des opérations, il vaut mieux être fatigué qu’épuisé, non ? Deuxième constatation, courir très en dessous de ses pompes, c’est très agréable : on a le temps de regarder le paysage, de se concentrer sur sa respiration et sa foulée, de batifoler gaiement avec les sangliers et les écureuils. Bref, courir en endurance, c’est Zen.


A partir de ce jour, John a arrêté de s’entrainer comme un Bourrin, et a commencé à écouter les spécialistes. La seule grosse difficulté pour lui, quand il se traine à 10 km/h, est de mettre de côté sa fierté de mâle. Il ne faut oublier que John a un lourd passé de Nulenspore ce qui l’a rendu un peu revanchard.
Mais ça, on en parlera une prochaine fois.

mardi 29 mars 2011

T'inquiète ! J'ai un plan...

Mon plan d'entrainement (très) personnel était constitué à mes débuts de trois types de séances : la sortie assez longue, la sortie longue et la sortie très longue, courues respectivement très vite, vite et assez vite. Vous remarquerez au passage la logique implacable et sophistiquée de John. Pas de doute, il y a un cerveau là-dedans...

Le premier Plan d'Entrainement que j'ai eu sous les yeux - c'était dans Jogging International - semblait aux antipodes de ma conception de la Course à Pied. Au bout de 10 minutes d'analyse poussée de la chose, je me suis dit qu'à défaut d'améliorer mes performances sur 10km, ça allait drôlement faire travailler mon cerveau. C'était toujours ça de pris.

La page en question, entièrement remplie de formules magiques et mystérieuses, était la mise en équation, semaine après semaine, de l'évolution programmée de la forme physique du pauvre sujet, à grands coups de pourcentage de Fréquence Cardiaque Maximum, de X minutes à allure A et de Y minutes au seuil, le tout saupoudré d'une grosse proportion de sorties appelées VMA, composées d'une quantité non négligeable de 400 m à Donf et de 100m à une allure un peu supérieure que nous appellerons, pour simplifier, l'allure PlusKaDonf.

Je la trouvais particulièrement inquiétante cette page et, pour le débutant que j'étais, elle amenait beaucoup trop de questions : il se passe quoi si, sans faire gaffe, je la dépasse cette FCM ? Il y a un risque d'explosion cardiaque ? Le seuil de quoi ? Le seuil de Douleur ? Et le plaisir de courir dans tout ça ?

Je sentais quand même confusément que j'avais entre les mains un magazine on ne peut plus sérieux et que le créateur de cette stratégie d'amélioration des performances devait savoir de quoi il parlait.

J'étais probablement dans l'erreur ; le doute s'installait, insidieusement.

Dans un prochain épisode vous saurez si John va perdre son innocence de coureur du dimanche, sacrifier son humanité pour devenir une extraordinaire machine à courir et basculer définitivement du côté obscur de la Course à Pied.

samedi 26 mars 2011

La VMA : La Vitesse Maxi de l'Abruti

Comme tout coureur autodidacte qui se respecte, j'ai couru n'importe comment pendant des années. Mon plan d'entrainement, d'une subtilité de tractopelle, pouvait se résumer ainsi : courir plus souvent, courir plus longtemps, courir plus vite. Il faut dire qu'avec un entrainement pareil les progrès, surtout dans les premières années, étaient fulgurants. Au fil des mois, je me fixais des objectifs de plus en plus délirants :

"Je dois courir" (le niveau zéro, indispensable pour la suite)
"Je dois courir 8km sans m'arrêter"
"Je dois courir 10km sans m'arrêter"
"Je dois courir 12km sans m'arrêter"
"12km, c'est fait, mais je vais les faire en une heure"
"Je vais faire un semi"
"Je vais faire un semi à 13 km/h"
"Je vais rentrer du travail en courant" (facile, y'a que 28 kilomètres)
"Dimanche matin, je vais courir 6 fois 7 km, pour voir si j'y arrive" (véridique ;-)
"J'y arrive, je suis prêt pour un vrai Marathon"
"Je vais faire un marathon à 12 km/h"
"Je vais faire un marathon à 13 km/h" (Aie !! Là ça ne passe plus, il ne faut pas exagérer quand même, stop!, stop!!, STOP!!!!! Ca va pas non ???? T'es pas un peu malade ??!!??)

Mon corps a commencé à se rebeller contre un tel acharnement de mon esprit : tendinites, courbatures permanentes, articulations douloureuses, et j'en passe. J'avais toujours mal partout, mais pas au point de rater l'une de mes trois sacro-saintes séances hebdomadaires. J'ai la chance d'avoir une constitution plutôt robuste et pendant 15 ans je n'ai été vraiment blessé qu'une seule fois : une tendinite de mon cher ami Achille, 6 semaines d'arrêt. J'ai eu de la chance et je ne vous conseille pas d'essayer le super Plan d'Entrainement de John : "courez tout le temps le plus vite possible, on verra bien".

Le problème avec cette technique d'Abruti, c'est qu'au bout de quelques années de ce régime, plus on s'entraîne, plus on régresse. J'ai mis longtemps à comprendre : pour progresser, aussi bizarre que ça puisse paraître, je dois courir souvent à 10 km/h, mais ça fera l'objet d'un autre article.

mardi 22 mars 2011

Puis deux autres...

1975. John a 12 ans et est le freluquet de sa classe, il est ce qu'on appelle couramment un "Nulenspore". Vous avez tous rencontré un Nulenspore, souvenez-vous : le pauvre looser que l'on choisit en dernier lorsque l'on constitue les équipes au #$*+FOOT##/+*. C'est à cette époque que John a commencé à avoir un peu de mal à se supporter.

1996. John a 33 ans, il pèse 93 kg pour 1m80, fume deux paquets de cigarettes par jour et la dépression n'est pas loin, elle l'attend au tournant. Un beau matin  de mai 1996, pour une raison inconnue, il décide d'aller faire un petit footing en forêt près de chez lui. Asphyxié et à l'agonie au bout de deux kilomètres, il s'assoit par terre, se demande si tout cela est bien raisonnable mais finit par se relever et refaire péniblement deux autres kilomètres, puis deux autres, puis deux autres. Depuis ce jour, John court.

2007. John va beaucoup mieux. Il ne fume plus, pèse 73 kg et termine son premier marathon en 3 heures 27 minutes. Ce temps plus que modeste ne l'empêche pas de verser quelques larmes sur la ligne d'arrivée. John s'en est sorti, le chemin a été long et difficile mais finalement plutôt intéressant.

2011. John a maintenant une réputation de grand sportif bien dans sa peau, ce qui flatte son ego mais le fait quand même doucement rigoler. On lui demande souvent ce qui le pousse à courir autant mais il peut difficilement s'exprimer sur le sujet. Rien ne le pousse ; il se pousse tout seul. Il pense pourtant que son expérience pourrait servir à d'autres Nulenspores, d'autres intoxiqués, d'autres freluquets ou d'autres dégoutés de la vie. Alors il décide d'écrire un peu. Pas beaucoup, juste deux lignes, puis deux autres, puis deux autres, puis deux autres...